Le conflit casamançais, un stand-by inquètant
Le chercheur associé au
laboratoire « les Afriques dans le monde » Jean Claude Marut a animé
ce vendredi 10 mai au CESTI un carrefour d’actualité sur le conflit
casamançais. Il a été question pour le chercheur de s’exprimer sur les blocages
et nouvelles perspectives du conflit. La conférence a été modérée par Moustapha
Diop.
crédit photo:cesti |
Face au mutisme de la presse sur
le conflit casamançais auquel on n’a pas encore trouvé d’issue, le professeur
Jean Claude Marut, qui a fait sa thèse doctorale sur le conflit au sud du Sénégal
est largement revenu sur les blocages que rencontre ce conflit et les nouvelles
perspectives qui se présentent. Partant des causes de cette crise qui, loin
d’être axé sur le foncier casamançais et en fait un conflit qui oppose le
régionalisme casamançais incarné par les séparatistes du mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) à l’Etat du Sénégal. Les séparatistes sont
soutenus par la Gambie et la Guinée Bissau qui n’ont jamais appréciés la
politique de Dakar.
Les blocages du conflit selon
Jean Claude Marut sont à voir dans l’absence de dialogue entre l’Etat du
Sénégal et les séparatistes. Par manque d’accord de paix, la guerre peut être
utilisée pour contrôler le territoire casamançais. Mais il faut savoir, selon M.
Marut, que le Sénégal garde ces territoires pour des raisons économiques. Il
n’a pas engagé la guerre à cause statut démocratique qu’il occupe. « Le
Sénégal est une rente démocratique c’est la raison pour laquelle il n’y a pas
eu de représailles » dit Jean Claude Marut. Toutefois, l’Etat du Sénégal
use de moyens pour affaiblir la rébellion. Il use d’abord de la division pour
affaiblir celle-ci même si cette dernière, d’une manière ou d’une autre se
détruit en son sein. A la suite de cela, l’Etat prône le développement en
Casamance pour tendre vers la paix. Il ne fait certes pas trop de résultats
mais c’est une stratégie gagnante car les armes se sont tues. « Nous
pouvons reconnaître par-là la force de l’Etat du Sénégal » renchérit le
professeur.
Il faut aussi noter que le MFDC
est incapable de proposer des compromis. En dehors de leur manque de cohésion,
ils ont perdu leurs soutiens de jadis, tant internes qu’externes. Ils y a aussi
d’autres facteurs de prolongement du conflit qui sont à voir dans la mise en
place d’une économie de guerre par les maquisards et même de certaines forces
de sécurités. « Certaines ONG et intermédiaires font du conflit un fonds de
commerce ».
« Le MFDC a certes perdu la
guerre mais l’Etat du Sénégal n’a pas encore la paix » déclare Jean Claude
Marut. Les deux parties ont encore des opportunités. Ce stand-by de la crise a
fait que les USA se sont plus ou moins immiscés dans cette recherche de paix
avec des investissements dans la zone et la nomination d’un conseil spécial.
« Par la construction de la route Ziguinchor-Vélingara, les USA
participent au désenclavement de la basse Casamance et va procurer ainsi de
nouvelles ressources aux habitants de cette zone ». Mais cette stratégie
comporte des risques selon le conférencier. Il souligne que celle-ci comporte
des risques comme la déforestation pratiquée par les chinois qui risque de
détruire l’écosystème. « L’Etat doit lui-même développer des moyens
adéquats pour tendre vers la paix durable et revoir son modèle politique car le
modèle existant semble incapable de résoudre le problème puisque le nationalisme
perdure ».
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