"L'Afrique n'est pas marginalisée elle est mal intégrée"
L'économiste franco-égyptien Samir Amin a été l'invité du carrefour d'actualité tenu ce mercredi au Centre d'Études des Sciences et Techniques de l'Information (CESTI) et modéré par le professeur Thierno Diop. Ce carrefour a été l'occasion pour M. Amin de dresser les défis auxquels l'Afrique doit faire face pour s'assurer son développement.
Dans un monde en perpétuelles mutations conduites sous la houlette de la mondialisation, l'Afrique de Cheikh Anta Diop occupe une place de choix selon Samir Amin. Ce dernier assure que l'Afrique, loin de l'idée d'une marginalisation est bien intégrée dans le système mondial, plus intégrée même que les autres zones mais l'est de la mauvaise manière.
Sur ce, partant de la colonisation, l'économiste dit que le continent noir a connu une intégration violente, intégration qui impactera négativement sur son devenir. Les causes du retard connu en Afrique sont à voir dans la colonisation qui a dépouillé et continu de dépouiller le continent de ses richesses. L'intégration africaine a connu deux formes selon Samir Amin. D'abord la mise en valeur des colonies par l'instauration d'une économie de traite. Celle ci consiste pour le paysan qui cultivait pour sa survie de produire pour les besoins des administrateurs de colonies. Ainsi les entreprises fixent les prix des produits afin que le paysan s'intéresse davantage à l'argent qu'à la nature de sa production. Cette forme est brutale et appauvrissante. "Elle est le développement du sous développement" abonde M. Amin. Ensuite la seconde forme consiste à établir une économie de réserve. En déportant les paysans dans des zones non cultivables et où les conditions de vies sont précaires, elle oblige ces derniers à embarquer pour l'exode rurale. Ceci étant, ils seront misérablement rémunérés dans les entrepôts ou champs où ils auront à travailler.
Plusieurs dizaines d'années révolues, c'est le même système qui gangrène en Afrique et il forme un obstacle de taille face à son développement " on ne parle pas de néocolonialisme mais plutôt de paleo-colonialisme"
Les défis que le continent noir doit relever pour se développer sont dans l'agriculture d'après l'économiste. L'Afrique doit entrer dans l'industrialisation. Ceci ne veut pas dire avoir des industries à foison et une grande quantité de salariés mais les différents pays doivent être fournisseur et marchés les uns pour les autres. La révolution agricole par l'adoption de l'agrobusiness fait parti des défis à relever. Par une transformation de l'économie paysanne, cette révolution est profitable à tout le monde.
L'Afrique doit rompre les liens avec le système dans lequel il est intégré et en intégrer un nouveau dans lequel elle aura son mot à dire se les termes des rapports. Dans cette perspective, Samir Amin donne l'exemple du système chinois qui semble le moins exploiteur.
Cette rencontre a permis aux étudiants de savoir la position de l'économiste sur le problème du franc CFA en Afrique. Et ce dernier, adoptant la même position que nombreux pan-africanistes sur la caractère exploiteuse de la monnaie, n'a pas manquer de souligner qu'il ne suffit pas de sortir d'un guêpier pour se sentir à l'aise. "Le préalable face à cette lutte et de bannir les conflits d'intérêts entre les différents États qui partagent cette monnaie et établir des accords intra-africains". Il continue"l'UEMOA devait jouer ce rôle mais l'établissement du marché commun ne fait profiter qu'aux forts au détriment des faibles".
Tu a bien rendu compte de la rencontre entre l'économiste et les étudiants du CESTI.Ce fut intéressant
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